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qui est bien moins un secrétaire qu’un ami, est assis devant lui, le regarde avec un air de commisération et de douleur, sans rompre le silence qui a suspendu un moment leur conversation.

On peut mettre ce moment à profit pour les observer tous les deux.

Je n’ai jamais lu de roman sans éprouver les sentimens d’une véritable compassion pour les gens gras, joufflus, hauts en couleur, jouissant enfin de ce parfait équilibre des humeurs, de cette abondante circulation du sang, qui annoncent une inaltérable tranquillité d’âme, un complet contentement de soi-même et une excellente santé : heureux symptômes d’une organisation sur laquelle les passions ne peuvent avoir un long empire, ou même qui est souvent hors de leurs atteintes. Il m’a semblé que ces hommes ne devaient pas laisser d’être sérieusement mortifiés en ne trouvant jamais de