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Cette loi apparut aussitôt à l’innombrable population, qui se pressait sur les rivages de l’Asie et de l’Europe, pour être témoin d’un spectacle si nouveau ; elle apparut promulguée en lettres enflammées dans toutes les langues, au milieu des éclairs, du tonnerre des six mille pièces de canon qui protègent la neutralité de Constantinople, et de tous les prodiges de feu dont la pyrotechnie peut éblouir et émerveiller les yeux. Les malveillans ne manquèrent pas de dire que la civilisation, avec cette grande consommation de poudre, faisait une parodie sacrilège du Mont-Sinaï, et que pour proclamer une loi de paix, il n’était pas nécessaire de casser toutes les vitres de Constantinople. Mais le fait est qu’un pareil tintamarre devait être fort beau ; et pour en finir avec l’état de guerre, la civilisation ne pouvait plus dignement enterrer la synagogue. Il est vrai aussi que l’état de guerre n’a pas complètement disparu, et