où beaucoup de femmes trouveraient par trop d’humilité et de tendre résignation, est une femme dont le chagrin semble avoir creusé les joues et rendu la taille plus que svelte. La blanche robe de lin qui forme toute sa parure, fait ressortir encore la teinte un peu foncée de sa peau à laquelle on reconnaît aisément une des filles du Gange. Ses yeux noirs enfoncés dans leurs orbites, semblent éteints, et leur immobilité vitreuse serait presque effrayante, si parfois quelque rapide pensée, traversant le cerveau, ne les ranimait comme un souffle fait briller une étincelle sous la cendre. Ses longs cheveux noirs séparés mollement en bandeau sur son front et ses joues, se relevent en nattes derrière sa tête ; ses attitudes sont gracieuses, son air distingué, sa voix délicieusement douce quoique un peu vibrante. Somme toute, cette femme qui a dû être ravissante autrefois, est encore fort bien.
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