Page:Bodin - Le Roman de l’avenir.djvu/127

Cette page a été validée par deux contributeurs.

femme interrogeant les cordes de la harpe avec des doigts distraits et presque insoucians, qui les effleuraient et les faisaient vibrer à peine, murmurait à mi-voix un triste chant nocturne dont les paroles équivalaient à ceci :

« Parcourez la terre, sillonnez l’océan, traversez rapidement les airs ; voyez tout, jouissez de tout, rassasiez-vous de tout ; c’est votre rôle à vous. Le nôtre est de rester attachées au rocher, près du rivage, attendant, souvent en vain, que vous daigniez revenir près de nous, payer d’un sourire nos soupirs d’une année, essuyer par un baiser nos yeux humides et battus, recueillir dans un instant tous les trésors de notre amour, ces trésors que vous joignez à tant d’autres amassés pour vous de toutes parts. »

La personne qui chantait cette romance,