Page:Bodel - Le Jeu de saint Nicolas, éd. Jeanroy, 1925.djvu/8

Cette page a été validée par deux contributeurs.
vi
introduction

Les plus anciens spécimens du genre, qui sont naturellement en latin, ont tous pour héros le fameux évêque de Myrrhe, qui avait été adopté comme patron par la jeunesse des écoles et dont la fête, célébrée le 6 décembre, se prolongeait en joyeux échos jusqu’à Noël. Ce sont donc des miracles de saint Nicolas que mettent en scène les quatre « jeux » du manuscrit de Fleury-sur-Loire, où ils sont, comme on le sait, associés à des drames liturgiques[1], et dont deux ont été retrouvés récemment dans un manuscrit de la fin du xie siècle provenant de l’abbaye de Saint-Godoard à Hildesheim[2], où ils se présentent sous une forme beaucoup plus concise et plus forte. Cette découverte permet donc de faire remonter l’origine du genre au moins au milieu du xie siècle[3].

    aient été représentés dans les églises : le premier des miracles du manuscrit de Fleury (voir ci-dessous) se termine par l’Introït de l’une des messes pour le commun des pontifes (Petit de Julleville, Les Mystères, t. I, p. 72).

  1. Ce manuscrit, du xiiie siècle, est conservé à la Bibliothèque municipale d’Orléans (no 178). Édition des miracles dans Du Méril, Origines latines du théâtre moderne, p. 254-84 ; analyse dans Petit de Julleville, Les Mystères, t. I, p. 70-6.
  2. Ce manuscrit, de la fin du xie siècle, est au British Museum (Add. 22414) ; texte publié par E. Dümmler dans Zeitschrift für deutsches Alterthum, t. XXXV (1891), p. 401 ; cf. observations complémentaires, ibid., t. XXXVI, p. 238.
  3. Elle confirme donc le témoignage de Mathieu de Paris relatant la représentation, dans les premières années du xiie siècle, au monastère de Saint-Albans (comté d’Hereford), d’un miracle de sainte Catherine (cette sainte était la patronne des écoliers en philosophie) (texte dans Du Méril, op. cit., p. 35, n. 1). Voici un autre témoignage emprunté à un sermon de Thibaud de Clairvaux (xiiie siècle) : « Sicut videmus in festo sancti Nicolai quod aliqui repræsentant personam ejus, ut clericorum aliqui, aut puellarum, et miracula quæ per eum fecit Dominus. » (Hauréau, Notice sur le no 14952 (lat.) des mss. de la Bibliothèque nationale, dans Notices et Extraits des manuscrits, t. XXXII, 2e partie, p. 327.)