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« Voyez Lecteurs ceste belle leczon
Plus à priser que nul riche ediffice
Que pour vous a basty nostre Maçon,
Maçon accreu du roy par son seruice ;
Si congnoistrez que moins n’est son office
(Si bien faisant) de liures translater,
Que manier finances et compter :
Car Bocace est icy mieulx recongneu,
Que si luy mesme à se faire escouter
Fust de Florence en France reuenu. »

En 1548 Le Maçon fit paraître son ouvrage corrigé et soigneusement revu, c’est une véritable deuxième édition. Messieurs Crouzet et Hauvette, dans la solide étude qu’ils, ont consacrée à cette excellente traduction, ont compté qu’elle n’a pas été réimprimée moins de vingt-sept fois jusqu’en 1699[1]. Ces réimpressions, graduellement un peu rajeunies, reproduisent le texte de 1548. L’œuvre littéraire du trésorier de l’extraordinaire des guerres n’a pas été éclipsée par les traductions modernes de Boccace. On l’a republiée à trois reprises au XIXme siècle, grâce à P. Lacroix, à A. Bonneau et à F. Dillaye. Lacroix a reproduit le Décaméron de 1545 en 1873 ; c’est ce texte, imprimé par Jouaust, que M. François Franzoni a nettoyé des archaïsmes criants et remanié par places. Il en a tiré un volume des plus belles pages de Boccace d’où tout effort imposé au lecteur a été soigneusement écarté. Ce choix, fait par un lettré qui s’est abandonné à son bon plaisir, sans souci d’érudition, ni de philologie, est un hommage rendu à la mémoire du conteur florentin, à l’occasion du sixième centenaire de sa naissance. Les nouvelles réimprimées par M. Franzoni s’adressent bien au public pour qui Boccace écrivait : aux

  1. Antoine Le Maçon et sa traduction du « Décaméron ». Bulletin Italien, t. VIII,. 1908, p. 285-311.