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pour se venger de lui. Chacun donc dit hautement qu’il lui avait volé la sienne.

Sur ces plaintes, le lieutenant du podestat, homme intègre et sévère, le fit entrer dans un lieu retiré, et procéda à son interrogatoire. Mais Martelin, sans être du tout alarmé de sa détention, ne lui répondait que par des plaisanteries. Le juge en fut si irrité, qu’il le fit attacher à l’estrapade, où il le fit traiter de la bonne manière, dans le dessein de lui faire avouer ses vols, pour avoir lieu de le condamner ensuite à être pendu. Après la question, le juge réitéra ses interrogatoires, lui demandant toujours s’il n’était pas vrai qu’il fût coupable de ce dont on l’accusait. Ce malheureux, voyant qu’il ne lui servait de rien de le nier : « Monseigneur, dit-il au juge, je suis prêt à confesser la vérité, pourvu que tous ceux qui m’accusent désignent le temps et le lieu où j’ai coupé leur bourse, puis je vous déclarerai ingénument tout ce que j’ai fait. »

Le juge y consentit volontiers ; et ayant fait venir quelques-uns des accusateurs,