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coutume, aux travaux domestiques, soutenant avec une fermeté inébranlable les assauts de la fortune ennemie.

Le marquis fit ensuite entendre à ses sujets qu’il allait épouser une fille d’un des comtes de Pagano. Il fit faire tous les apprêts d’une noce magnifique, et appela Griselidis chez lui. « La nouvelle épouse que j’ai prise, lui dit-il, doit arriver dans peu de jours. Je veux l’accueillir honorablement à cette première entrevue. Tu sais que je n’ai personne chez moi capable d’arranger les appartements et de préparer beaucoup d’autres choses nécessaires pour une pareille fête : toi, qui connais mieux que tout autre les meubles de la maison, fais, arrange, dispose, ordonne. Invite toutes les dames qui te conviendront, et reçois-les comme si tu étais encore la maîtresse du logis. Les noces finies, tu t’en retourneras dans la chaumière de ton père. » Quoique toutes ces paroles fussent comme autant de coups de poignard dans le cœur de Griselidis, qui n’avait pu oublier son amour comme elle avait oublié son ancienne fortune : « Monseigneur, répondit-elle cependant, je suis prête à faire ce que vous ordonnez. » Elle entra avec ses pauvres habits de village dans cette maison d’où naguère elle était sortie en chemise. Elle frotta, balaya les appartements, prépara la cuisine, enfin se prêta à tout ce que la dernière servante de la maison aurait pu faire. Elle invita ensuite plusieurs dames de la part du marquis. Le jour de la fête venu, elle reçut toute la compagnie dans son costume villageois avec un visage joyeux et content.