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des tapisseries, des fourrures, et fit tout arranger comme son mari le lui avait prescrit.

Les étrangers étant levés, messire Thorel monta à cheval avec eux, les conduisit à un gué voisin, et leur donna le plaisir de voir voler ses oiseaux de chasse. Mais Saladin, qui était bien aise de se rendre à Pavie, demanda s’il n’y aurait pas quelqu’un qui lui en enseignât la meilleure hôtellerie. « Ce sera moi qui vous y conduirai, répondit le chevalier, parce que des affaires m’appellent à la ville. » On partit, on arriva sur les neuf heures, et les voyageurs, croyant être adressés à la meilleure auberge, entrèrent avec messire Thorel dans sa propre maison. Plus de cinquante personnes étaient venues pour les recevoir ; elles allèrent toutes au-devant d’eux. « Ce n’est pas là ce que nous vous avons demandé, dit Saladin à messire Thorel. Vous en fîtes beaucoup trop hier au soir ; ainsi, vous pouvez nous laisser poursuivre notre route. — Seigneur, répondit Thorel, je n’ai obligation qu’à la fortune de vous avoir possédé hier au soir ; c’est elle qui fit qu’égaré dans votre chemin, force vous fut de venir dans ma petite maison. Mais je vous aurai une obligation à vous-même, que tous ces gentilshommes partageront, si vous voulez bien nous faire l’honneur de dîner aujourd’hui avec nous. » Saladin et ses compagnons, vaincus par tant d’avances, descendirent. Ils furent conduits par les gentilshommes dans des appartements richement préparés pour eux. Après les cérémonies de l’hospitalité, ils se rendirent