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Deuxième journée


NOUVELLE PREMIÈRE LE TROMPEUR TROMPÉ OU LE FAUX PERCLUS PUNI

Il n’y a pas longtemps qu’il y avait à Trévise un Allemand nommé Arrigne. La misère l’avait réduit à l’état de portefaix ; mais, dans sa pauvreté, il était généralement estimé, à cause de ses bonnes mœurs et de la sainteté de sa vie. Qu’il ait réellement vécu en saint ou non, les Trévisans assurent qu’à l’heure de sa mort, les cloches de la grande église de Trévise sonnèrent d’elles-mêmes. On cria au miracle, et tout le monde disait que c’était là une preuve incontestable que cet Arrigne avait vécu en saint, et qu’il était au nombre des bienheureux. Le peuple court en foule à la maison où il était décédé, et on le porte en la grande église avec la même pompe que si c’eût été le corps d’un saint canonisé. Les boiteux, les aveugles, les impotents, et généralement toutes les personnes affectées de quelque maladie ou incommodité y furent amenées, dans