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des plus grandes faveurs de son amant, entrevoyant quelque lueur d’espérance, guérit bientôt, et devint plus belle que jamais.

Cependant le roi délibéra, avec la reine, de quelle manière il devait récompenser un amour si vif. Montant un jour à cheval avec plusieurs seigneurs de sa cour, il se rendit dans la maison de l’apothicaire. La reine, accompagnée de quelques dames, y vint bientôt après. On fit appeler l’apothicaire et sa fille. « Aimable fille, dit le roi à celle-ci, l’amitié que vous avez pour moi vous fait grand honneur dans mon esprit ; je veux vous en récompenser. Vous êtes en âge d’être mariée ; c’est moi qui choisirai votre mari. Cependant je serai toujours votre chevalier, et je ne veux d’autre prix de mon dévouement qu’un seul baiser. »

Lise, que la honte faisait rougir, répondit que la volonté du roi serait la sienne, ajoutant : « Sire, je suis persuadée qu’il n’y a personne qui ne taxât de folie l’amour que j’ai eu pour vous, et qui ne crût que cette passion était le ridicule effet d’un ridicule oubli de mon état, et surtout du vôtre. Mais Dieu,