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qu’elle ne voulait pas de la permission qu’il lui donnait ; mais le mari usa d’autorité, et il fallut obéir.

Le lendemain, dès la pointe du jour, Dianore, dans un habit négligé, précédée de deux valets et suivie d’une servante, se rend à la maison de messire Ansalde. Quel fut son étonnement quand on lui annonça une pareille visite ! Il se lève et appelle le nécromant : « Viens voir, lui dit-il, viens voir de quel trésor ton art me rend possesseur. » Il va au devant de la belle, et après l’avoir saluée avec toutes les démonstrations de la joie, il la fait entrer dans une belle chambre avec toute sa suite. Quand elle se fut assise : « Madame, lui dit-il, si l’amour que je vous ai voué, et que je vous conserverai toute ma vie, peut mériter quelque récompense, dites-moi, je vous prie, quelle heureuse occasion vous appelle chez moi à cette heure, et avec cette compagnie ? — Ce n’est point l’amour qui m’amène ici, lui répondit-elle les larmes aux yeux ; ce n’est point non plus la promesse que je vous ai jurée, c’est uniquement pour obéir à mon mari, qui, plus sensible aux soins et aux fatigues de votre amour criminel qu’à son honneur et au mien, m’a lui-même ordonné de venir vous trouver. Me voilà donc chez vous, par son ordre, et prête à faire tout ce qu’il vous plaira. »

Si la visite inopinée de Dianore étonna messire Ansalde, son discours l’étonna bien davantage. Touché de la générosité du mari, son amour se changea en