égarés, alla voir s’ils ne seraient pas derrière la tour. Arrivé à cet endroit, il entend de tristes plaintes. « Qui est-ce qui gémit là-haut ? » cria-t-il. La dame, qui reconnut sa voix, l’appela par son nom : « Va, lui dit-elle, appeler ma servante, et dis-lui de venir ici. — Quoi ! c’est vous, madame ? Eh ! qui vous a donc perchée sur cette tour ? Savez-vous que votre domestique vous cherche partout depuis ce matin ; mais qui diable eût pu vous deviner là ? » Il court à l’échelle, et comme il travaille à la bien asseoir, afin qu’elle ne bouge pas de place sous les pieds de la dame, voilà la servante qui arrive tout éperdue, en demandant au métayer où est sa chère maîtresse. « Je suis ici, mon enfant, répond la dame en haussant la voix le plus qu’il lui est possible ; ne t’afflige point, apporte-moi seulement mes habits. » La servante, rassurée par ce qu’elle vient d’entendre, monte sur l’échelle, et voyant sa maîtresse étendue sur la terrasse, et ressemblant plutôt à un tronc de bois grillé qu’à un corps humain, elle pousse un cri de frayeur, se déchire le visage avec ses ongles, et la pleure comme si elle était morte ; mais Hélène la fait taire et la prie de lui aider à s’habiller. La veuve se consola un peu d’apprendre de sa servante que personne ne savait où elle avait été. Quand elle fut tout à fait habillée, elle pria le métayer de monter pour l’aider à descendre ; ce bon paysan, voyant qu’elle était hors d’état de se soutenir, la descendit avec beaucoup de peine sur ses épaules, et
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