Page:Boccace - Contes de Boccace, trad De Castres, 1869.djvu/473

Cette page n’a pas encore été corrigée

planche sur laquelle les pieds du juge étaient appuyés. Macé et Ribi s’étant ensuite approchés du siège, ils saisissent le magistrat par le devant de sa robe puis la tirent, l’un d’un côté, l’autre de l’autre, en criant tous deux : « Justice, monsieur le juge, justice ! — Je vous supplie de me la rendre, dit Macé, avant que ce voleur, que vous voyez auprès de vous, ne sorte d’ici. Il m’a volé une paire de souliers, et je vous prie de vouloir bien me les faire restituer. Il n’y a pas encore quinze jours que je les lui vis porter chez le ressemeleur, et néanmoins il ose nier qu’il me les ait volés. » Ribi, le tirant de l’autre côté, criait de toute sa force : « Ne le croyez pas, monsieur, c’est un imposteur, un fourbe, qui veut se tirer d’affaire par une calomnie ; il a su que je venais me plaindre de ce qu’il m’a volé une petite valise qui m’était fort utile, et pour vous faire illusion, il est venu lui-même m’accuser de lui avoir dérobé des souliers. Si vous doutez de ce que j’avance, j’ai pour témoins Trecca, qui est ici, la grosse tripière que tout le monde connaît, et la femme qui reçoit ce qu’on donne à Notre-Dame de Varlais. » Macé interrompait sans cesse son camarade, et Ribi en faisait autant de son côté, criant l’un et l’autre de toutes leurs forces.

Pendant que le magistrat se tient debout pour mieux entendre les parties, Matthias, jugeant le moment favorable, passe ses mains à travers la fente des planches, saisit les deux bouts de sa culotte et les tire avec tant de force et de vivacité qu’il la fait descendre sur ses talons, car elle était fort large et le personnage fort maigre. Le juge, sentant sa culotte tomber, veut aussitôt se couvrir