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la nuit sera arrivée. Vous trouverez la fenêtre du galetas ouverte ; mais prenez bien garde, en passant d’un toit à l’autre, de ne pas vous laisser tomber. — Ne craignez rien, ma bonne amie, répondit le jeune homme au comble de la joie ; la pente du toit n’est pas bien rapide, il ne m’arrivera aucun mal. »

La nuit venue, le jaloux prit congé de sa femme, feignit de sortir, et s’étant muni de ses armes, alla se poster dans le réduit voisin de la rue. De son côté, la dame feignit de se bien barricader, et se contenta de fermer la porte de l’escalier, afin que le mari ne pût approcher ; elle courut ensuite au-devant de Philippe, qu’elle fit descendre dans sa chambre, où ils passèrent le temps d’une manière agréable. Ils ne se séparèrent qu’au moment où le jour commençait à poindre, encore ne fut-ce pas sans regret.

Le jaloux, armé de pied en cap, mourant de dépit, de froid et de faim, car il n’avait point soupé, fit le guet jusqu’à ce que le jour parût, et n’ayant pas vu venir le prêtre, il se coucha sur un pliant qu’il y avait dans cette espèce de loge. Après avoir dormi deux ou trois heures, il ouvrit la porte de la rue et fit semblant de venir de dehors. Sur le soir, un petit garçon, qui se disait envoyé de la part d’un confesseur, demanda à parler à sa femme, et s’informa d’elle-même si l’homme en question était venu la nuit passée. La belle, qui était au fait, répondit qu’il n’avait point paru, et que si son confesseur lui voulait continuer ses secours encore pendant quelque temps, elle pourrait bien oublier la personne pour qui elle se sentait encore de l’inclination. On le croira avec peine,