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rencontrer une bonne et honnête femme ; voyez comme elle a fermé la porte, afin de se mettre hors de toute insulte et à couvert de la médisance. » Perronnelle, qui reconnut son mari à sa manière de heurter : « Ah ! mon ami, dit-elle à Jeannet, je suis perdue, voici mon mari. Je ne sais ce que cela veut dire, car il ne revient jamais à cette heure-ci ; peut-être vous a-t-il vu entrer. Cachez-vous, je vous en supplie, dans ce grand vaisseau de terre que vous voyez là. J’irai lui ouvrir pour voir ce qu’il veut, et je tâcherai de le renvoyer. » Jeannet entre précipitamment dans cette espèce de tonneau, et la belle court ouvrir à son mari. « D’où vient que vous revenez sitôt ? lui dit-elle d’un ton renfrogné ; vous rapportez vos outils ; seriez-vous dans l’intention de ne pas travailler d’aujourd’hui ? À quoi pensez-vous d’agir ainsi ? Comment vivre, comment avoir du pain ? Croyez-vous que je serai d’humeur à mettre en gage mes cotillons et mes autres hardes pour favoriser votre paresse, moi qui, à force de filer nuit et jour, n’ai presque plus de chair aux ongles ? Morbleu, détrompez-vous. Il n’y a pas de voisine qui ne se moque de moi, qui ne soit étonnée du mal que je me donne, et vous, vous revenez à la maison, les bras croisés, dans le temps que vous devriez être au travail ! » À ces mots, elle se mit à pleurer. « Malheureuse que je suis, ajouta-t-elle, sous quelle étoile