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fit connaître lui-même sa turpitude ; ce qui est certain, c’est que l’aventure fut sue de toute la ville, et que les plaisants en rirent beaucoup. L’évêque, en homme sage, fit semblant de ne rien savoir ; il reçut le Catalan à son ordinaire, et ils étaient souvent ensemble. Un jour de Saint-Jean, qu’ils se promenaient tous deux à cheval par la ville, ils s’arrêtèrent dans la rue où l’on faisait les courses. Ils s’approchent d’un groupe de dames qui s’amusaient à voir les coureurs, et se trouvent à côté d’une jeune et belle femme, nouvellement mariée, que vous pouvez avoir tous connue, et que la peste vient de nous enlever. C’était madame Nonne de Pulci, cousine de messire Alesso Rinucci, logée près de la porte Saint-Pierre. Cette dame, outre la jeunesse et la beauté, avait beaucoup d’esprit, et parlait avec autant de grâce que de facilité. L’évêque, qui la connaissait un peu, la fit voir au grand méréchal. Un moment après, le prélat, oubliant sa prudence ordinaire, adresse la parole à cette dame ; et, frappant sur l’épaule du Catalan : « Que dites-vous de ce cavalier, madame Nonne ? Pourriez-vous bien en faire la conquête ? » La belle, croyant que ces paroles attaquaient son honneur, et jugeant qu’elles ne pouvaient que donner des impressions désavantageuses sur son compte à ceux qui les avaient entendues, répondit promptement, et sans chercher à se justifier : « Peut-être aussi,