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La dame connut par ce récit qu’elle n’était pas la seule femme qui eût des amoureux, malgré les dangers auxquels ils s’exposent. Elle eût voulu, de tout son cœur, excuser la femme d’Hercolan ; mais comme il lui semblait qu’en blâmant les fautes d’autrui elle se procurait plus de facilité pour cacher les siennes, elle se mit à déclamer contre elle en ces termes : « Voilà assurément une belle conduite ! Qui l’aurait cru ? Je la regardais comme la plus honnête, la plus vertueuse, la plus sainte de toutes les femmes. Fiez-vous, après cela, à ces dévotes, qui ne font les mijaurées que pour mieux cacher leur jeu ! Mais qui pourrait tenter d’excuser celle-là, qui n’est ni jeune, ni mal mariée ? Il faut convenir qu’elle donne là un bel exemple aux autres femmes ! Maudite soit l’heure qu’elle vint au monde ! puisse cette femme impure être elle-même un objet de malédiction, puisqu’elle vit dans le crime et le désordre ! L’indigne créature ! elle est la honte et l’opprobre de notre sexe. Est-ce donc là la récompense qu’elle réservait à l’honnêteté de son mari, de cet homme généralement respecté, qui avait pour elle toutes les complaisances et tous les égards possibles ? L’ingrate n’a pas craint de le déshonorer pour prix de ses bienfaits, et de se déshonorer elle-même sans pudeur ! Des femmes de cette trempe mériteraient d’être brûlées vives sans miséricorde. »

Après avoir parlé de la sorte, et n’oubliant pas que son galant était encore