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Avant que le tumulte fût apaisé, les sergents du commandant de la ville survinrent pour mettre le holà, et firent plusieurs prisonniers, au nombre desquels furent Jeannot et Crivel, son premier complice.

Il est aisé de se figurer le chagrin que cette aventure causa à Jacomin, lorsqu’il fut de retour ; il était dans la plus grande affliction. Cependant, voyant que sa pupille était parfaitement innocente, et n’avait eu aucune part à la conduite de Jeannot, il se consola un peu, et résolut de la marier le plus tôt qu’il lui serait possible, afin de prévenir de pareilles aventures.

Les parents de Jeannot et ceux de son rival, instruits à fond de la conduite de ces jeunes étourdis, et craignant que Jacomin ne voulût poursuivre cette malheureuse affaire, qui aurait mal tourné pour eux, s’empressèrent le lendemain d’aller lui faire des excuses, et de le supplier d’arrêter les poursuites, s’offrant de lui donner toutes les satisfactions qu’il lui plairait d’exiger. « Songez que ce sont des jeunes gens écervelés, incapables de sentir les conséquences d’une démarche aussi criminelle ; nous vous demandons grâce pour leur étourderie, et nous vous prions de l’oublier, afin qu’elle n’altère en rien l’estime et l’amitié qui nous ont unis jusqu’à ce jour. — Messieurs, leur répondit Jacomin, que l’âge et l’expérience avaient rendu sage et prudent, je vous suis si