la baisa sur le front, et la mena ensuite dans sa maison, où elle ne logeait que des femmes qu’elle occupait à divers ouvrages de soie, de cuir et de palmier. Constance eut bientôt appris à travailler aussi bien que ses compagnes ; elle se concilia d’autant plus aisément leur estime et leur amitié, qu’elle fit des progrès rapides dans leur langue. Sa patronne ne l’aimait pas moins ; enfin, elle était aussi heureuse qu’on peut l’être parmi des étrangers et loin de sa patrie.
Dans le temps qu’elle ne comptait plus revoir ses parents, qui la croyaient morte, le ciel préparait un événement qui devait la ramener dans sa patrie avec son amant. Un prince de Grenade, qui prétendait avoir des droits sur le trône de Tunis, alors occupé par Mariabdel, mit une grosse armée sur pied, dans le dessein d’aller s’en emparer. Martucio Gomito, qui savait déjà parfaitement la langue du pays, ayant appris cette nouvelle, et les grands préparatifs que le roi de Tunis faisait pour repousser les forces du seigneur grenadin, dit à un de ses gardes que s’il pouvait parler au roi, il lui enseignerait un moyen infaillible pour le rendre victorieux de son ennemi. Le garde rendit compte de cette conversation à son maître, et le maître au roi. Le monarque envoya chercher Martucio, et lui ayant demandé quel moyen il avait à donner : « Sire, lui répondit l’esclave, je me suis aperçu, depuis que je suis dans vos États, que dans vos armées vous employez plus d’archers que toute autre espèce de soldats ; je pense donc que si Votre Majesté pouvait faire en sorte que les flèches manquassent à