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à sourire, et lui fit entendre que ce n’était point là un péché. « Nous qui sommes ecclésiastiques, ajouta-t-il, nous y crachons tous les jours. — Tant pis, mon révérend père ; il ne convient pas de souiller par de pareilles vilenies le temple où l’on offre à Dieu des sacrifices. » Après lui avoir débité encore quelque temps de semblables sornettes, notre hypocrite se mit à soupirer, à répandre des pleurs ; car ce scélérat pleurait quand il voulait. « Qu’avez-vous donc, mon cher enfant ? lui dit le père, qui s’en aperçut. — Hélas ! répondit-il, j’ai sur ma conscience un péché dont je ne me suis jamais confessé, et je n’ose vous le déclarer : toutes les fois qu’il se présente à ma mémoire, je ne puis m’empêcher de verser des pleurs, désespérant d’en obtenir jamais le pardon devant Dieu. — À quoi songez-vous donc, mon fils, de parler de la sorte ? Un homme, fût-il coupable de tous les crimes qui se sont commis depuis que le monde existe, et de tous ceux qui se commettront jusqu’à la fin des siècles, s’il en était repentant et qu’il eût la contrition que vous paraissez avoir, serait sûr d’obtenir son pardon en les confessant, tant la miséricorde et la bonté de Dieu sont grandes ! Déclarez donc hardiment celui que vous avez sur le cœur. — Hélas ! mon père, dit maître Chappellet, fondant toujours en larmes, ce péché est trop grand. J’ai même peine à croire que Dieu veuille me le pardonner, à moins que,