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qu’on arrêtât, du consentement de Madeleine, Foulques et Huguet, sous prétexte qu’ils devaient être ouïs et confrontés à Ninette, pour savoir s’ils n’avaient pas trempé dans l’empoisonnement, et il se rendit secrètement la nuit suivante chez la belle. Il avait eu auparavant la précaution de répandre le bruit qu’il avait fait mettre dans un sac et jeter dans l’eau la coupable Ninette, qu’il remit, cette nuit même, entre les mains de sa charitable sœur, recommandant à celle-ci de l’éloigner, de peur qu’il ne fût obligé de la punir, si l’on venait à découvrir le fait. Le lendemain, les deux frères furent remis en liberté ; et comme ils ne doutaient pas que Ninette n’eût été noyée, ils se mirent à consoler leurs maîtresses de la mort de leur sœur. Quelque soin que Madeleine prît de la tenir cachée, Foulques ne tarda pas à s’apercevoir qu’elle était chez lui, et en fut fort étonné. Le mystère qu’on lui en avait fait lui donna des soupçons. Il se souvint incontinent de l’amour que le duc avait eu pour Madeleine, et il ne douta point que les faveurs de sa maîtresse n’eussent été le prix de la délivrance de Ninette. Il fit part de ses craintes à Madeleine, qui lui tint un long discours