Page:Boccace - Contes de Boccace, trad De Castres, 1869.djvu/268

Cette page n’a pas encore été corrigée

prison, où l’on présume qu’il dut finir ses jours d’une manière misérable. C’est ainsi qu’un gueux de moine, après avoir longtemps trompé toute une ville par son hypocrisie, avoir abusé de la crédule vanité d’une femme, et avoir peut-être commis mille actions plus noires, mais moins éclatantes, fut démasqué aux yeux de tout un public, et qu’il porta la punition due à ses iniquités. Plaise au ciel qu’il puisse en arriver autant à tous ceux qui lui ressemblent !


NOUVELLE III

LES MALHEURS DE LA JALOUSIE

Marseille est, comme vous savez, une des villes les plus anciennes et les plus considérables de la Provence. Comme c’est un port de mer, elle est fort commerçante, mais aujourd’hui moins qu’autrefois. Parmi les négociants de cette ville, il y en avait un extrêmement riche en terres et en argent, nommé Narnald Cluade, de très-basse origine, mais plein d’honneur et de probité. Il avait de sa femme plusieurs enfants, trois filles entre autres, plus âgées que les garçons. Les deux premières, qui étaient jumelles, avaient quinze ans, et la plus jeune