Page:Boccace - Contes de Boccace, trad De Castres, 1869.djvu/247

Cette page n’a pas encore été corrigée

de la vie humaine, ne fit aucune difficulté de le mener à Florence. Le jeune homme, comme s’il fût tombé des nues, arrête ses yeux avec étonnement sur tous les objets qu’il aperçoit ; et ravi en admiration à la vue des maisons, des palais, des églises, demande à son père le nom de chaque chose. Son père le lui dit, et il paraît enchanté de l’apprendre. Pendant qu’il continuait ses questions, et qu’il contemplait des beautés qu’il n’avait jamais vues, et dont il n’avait pas même entendu parler, il aperçut une troupe de jeunes dames, bien mises, qui venaient d’une noce. Il les examine attentivement, et demande au vieillard ce que c’était. « Ne regarde point cela, mon fils : c’est quelque chose de dangereux. — Mais comment cela s’appelle-t-il ? » Le père, qui veut écarter de l’esprit de son fils toute idée charnelle, et qui craint de nouvelles questions capables d’exciter dans son enfant les désirs de la concupiscence, ne croit pas devoir lui dire leur nom, et lui répond que ce sont des oies. Chose étonnante ! celui qui n’avait jamais vu ni entendu parler de ces oies, se sentit vivement ému à leur aspect, et ne se sentant plus touché ni de la beauté des palais, ni de la gentillesse du cheval, ni de la grosseur du bœuf, ni des autres objets qu’il venait de voir pour la première fois, il s’écria aussitôt : « Mon père, je vous en prie, faites-moi avoir une de ces oies. — Ô bon Jésus ! répondit le père étonné, ne songe point à cela, mon fils ; c’est une mauvaise chose. — Quoi ! mon père,