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Quatrième journée


PRÉFACE DE L’AUTEUR

Je croyais, mes chères et aimables dames, que le vent brûlant et furieux de l’envie n’exerçait sa violence que sur les lieux élevés, ainsi que je l’avais toujours entendu dire à des personnes très-éclairées, et que je l’avais moi-même lu dans les meilleurs auteurs ; mais aujourd’hui, que j’ai fait la triste expérience du contraire, je pense tout différemment. J’ai eu beau suivre le droit chemin, et chercher les lieux les plus bas et les plus retirés, il ne m’a pas été possible d’échapper à ses fureurs : j’ai eu beau ne publier que de misérables nouvelles, et ne les écrire qu’en prose très-simple et très-familière, je n’ai pas laissé d’exciter les clameurs de cette implacable furie. Mais en vain a-t-elle déchaîné ses serpents contre moi, leurs sifflements ni leurs morsures n’ont pu ni arrêter, ni suspendre mon entreprise ; j’ai continué l’ouvrage que j’avais commencé.