Page:Boccace - Contes de Boccace, trad De Castres, 1869.djvu/228

Cette page n’a pas encore été corrigée

médecins. C’est par le même remède, que je me propose de vous donner, qu’il a opéré, de son vivant, plusieurs guérisons que ses confrères avaient jugées impossibles. Pourquoi craindriez-vous de l’essayer ? huit jours seront bientôt passés. »

Ce discours ébranla le roi, qui, paraissant réfléchir, disait intérieurement : « Peut-être Dieu m’envoie-t-il cette fille pour opérer ma guérison. Pourquoi ne ferais-je pas l’essai de son savoir, puisqu’elle s’engage à me guérir dans peu de temps et sans me faire souffrir ? » S’adressant ensuite à la demoiselle : « Mais si vous ne me guérissez pas, à quoi vous soumettez-vous ? — Sire, à être brûlée vive, et vous pouvez d’avance vous assurer de ma personne, et me faire garder à vue, jusqu’à ce que les huit jours soient écoulés. Mais si je guéris Votre Majesté, quelle récompense puis-je en attendre ? — Je vous établirai le plus honorablement du monde, lui dit le roi, si, comme je le présume, vous êtes dans l’intention de vous marier. — C’est tout ce que je puis désirer, sire ; mais je supplie Votre Majesté de me promettre qu’elle me donnera le mari que je lui demanderai, vos enfants et les princes du sang exceptés. »

Le roi ayant acquiescé à cette proposition, la jeune demoiselle prépara son remède, et l’administra si à propos, que le monarque fut entièrement guéri avant le terme prescrit, au grand étonnement de tous ses médecins. Le prince, très-satisfait, la combla d’éloges, et lui dit qu’elle pouvait faire la demande du mari qu’elle désirait, parce qu’elle l’avait bien mérité : « J’ai donc mérité, répondit-elle, le comte Bertrand de Roussillon, que j’ai commencé d’aimer dès