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assez peu reconnaissante pour me refuser un service qui vous coûtera si peu, lorsque je veux vous en rendre un si important à votre tranquillité ? »

La femme, les yeux baissés, ne savait que répondre au saint religieux. Elle n’osait dire non, et dire oui ne lui paraissait pas chose honnête et décente. L’abbé, qui vit son embarras, en augura favorablement. Il crut qu’elle était ébranlée. Pour l’enhardir et achever de la déterminer, il redoubla ses prières et ses instances. Il parvint enfin à lui persuader, par des raisons tirées de sa dévotion et de sa sainteté, qu’il n’y avait rien de criminel dans ce qu’il lui demandait. La belle alors lui répondit, non sans quelque peu de honte et de timidité, qu’elle ferait tout ce qu’il lui plairait ; mais que ce ne serait qu’après qu’il aurait envoyé Féronde en purgatoire. « Il y sera bientôt, dit l’abbé plein de joie. Tâchez seulement de l’engager à me venir voir demain ou après-demain, le plus tôt ne sera que le mieux. » Et en disant cela, il lui mit un anneau au doigt et la renvoya.

La bonne femme, fort satisfaite du présent de l’abbé, et espérant d’en recevoir