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et dames, que pour rendre votre satisfaction complète et répandre la gaieté sur vos visages, je sens, dis-je, qu’il faudrait ici la présence de Tédalde. Je suis bien aise de vous apprendre que ce n’est pas lui qui a été assassiné. Il est encore plein de vie, et, ce qui vous étonnera davantage, il est actuellement dans cette compagnie, sans qu’aucun de vous l’ait reconnu. Je vais vous le montrer. » Et, en disant ces derniers mots, il quitte son habit de pèlerin. Tous les regards se fixent sur lui, on l’examine, on l’étudie ; et, comme on a de la peine à le reconnaître, il se met à rapporter une foule de particularités capables de convaincre les convives qu’il n’en imposait point. Ceux qui composaient cette nombreuse assemblée paraissaient tombés des nues ; on se regardait avec surprise ; ses frères mêmes ne savaient que croire. Mais quand il eut conté ses aventures, et cité plusieurs anecdotes que lui seul pouvait savoir, ils se rendirent à ces marques, et coururent l’embrasser ainsi que ses sœurs. Aldobrandin et les autres en firent autant. Il n’y eut qu’Hermeline qui demeura froide et tranquille. Son mari en fut surpris, et lui reprocha son indifférence devant tout le monde. « Il n’y a ici personne, mon cher mari, lui répondit-elle d’un ton assez fort pour que l’assemblée pût l’entendre, qui lui fît plus volontiers que moi des caresses, et qui eût plus sujet de lui en faire, puisque c’est à lui que je dois le bonheur de te posséder encore ! mais les mauvais bruits qu’on a