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rien refuser ; mais je ne vous obéirai qu’à condition que vous ne parlerez de rien à personne, ni à votre mari, que vous n’ayez vu de vos propres yeux la vérité de ce que je vais vous dévoiler. Je vous fournirai, si vous voulez, les moyens de le convaincre vous-même de son infidélité ; il ne tiendra qu’à vous de le prendre sur le fait. Ces mots ne font que redoubler la curiosité et l’impatience de la dame ; elle lui promet, par tout ce qu’il y a de plus saint, de ne jamais le compromettre, et l’invite à s’expliquer promptement. — Si je vous aimais comme autrefois, madame, lui dit alors Richard, je me garderais bien de vous porter une semblable nouvelle. Ces sortes d’avis sont toujours suspects quand ils viennent d’un amant ; mais à présent que je suis guéri de la passion malheureuse que vous aviez allumée dans mon cœur ; à présent que j’aime non moins éperdument un nouvel objet, je ne crains pas d’être soupçonné d’avoir aucun intérêt à vous dévoiler la conduite de votre mari. Vous saurez donc, madame, que maître Philippe n’est pas, à beaucoup près, aussi scrupuleux que vous sur l’article de la galanterie. J’ignore s’il est fâché contre moi, à l’occasion de l’amour que j’ai eu pour vous, ou s’il vous fait l’injustice de croire que vous ayez répondu à mes soins ; mais je sais bien qu’il cherche à me faire cocu. Oui, il est amoureux de ma femme depuis quelque temps, et il ne se passe pas de jour qu’il