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force et de son adresse, le conduisit ensuite à la forêt pour couper du bois. Il lui fit entendre par des signes d’en charger l’âne qu’il avait amené et de le conduire au logis. Mazet exécuta ses ordres à la lettre.

L’homme d’affaires, satisfait de son intelligence, et ayant de l’ouvrage à lui donner, le garda plusieurs jours, durant lesquels l’abbesse, l’ayant aperçu, demanda qui il était. « C’est un pauvre homme, dit l’intendant, muet et sourd, qui vint l’autre jour me demander l’aumône et du travail, et que j’ai employé à plusieurs choses nécessaires à la maison, desquelles il s’est assez bien acquitté. Je pense que, s’il sait labourer et cultiver la terre et qu’il veuille rester, vous feriez très-bien de le garder pour être votre jardinier. On pourrait en tirer toute sorte de services : il est robuste, vigoureux et de bonne volonté. Nous en ferions tout ce que nous voudrions, sans compter que vous n’auriez pas à craindre qu’il causât avec les religieuses. — Votre réflexion est très-sage, répondit la mère abbesse ; voyez s’il sait travailler la terre, et tâchez de le retenir. Commencez par lui donner une paire de vieux souliers, quelque vieux manteau ; faites-le manger son soûl, et amadouez-le du mieux que vous pourrez. — Vous serez satisfaite, madame ; comptez sur mon zèle à remplir vos intentions. »

Mazet, qui, non loin d’eux, faisait semblant de nettoyer la cour, entendit