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NOUVELLE X

LE CALENDRIER DES VIEILLARDS

Il y avait à Pise un juge plein d’intelligence et de capacité, mais d’une complexion tout à fait faible et délicate. Il était extrêmement riche, et se nommait Richard de Quinzica. Malgré sa vieillesse et ses infirmités, il lui prit envie de se marier, croyant qu’il serait en état de remplir les devoirs du mariage avec le même honneur qu’il remplissait ceux de la magistrature. Il s’empressa de chercher une femme qui réunît en elle les avantages de la jeunesse et de la beauté. Il eût dû, au contraire, redouter ce double mérite, s’il eût été sage, et qu’il eût pris pour lui d’aussi bons conseils qu’il en donnait aux autres. Il trouva la personne qu’il désirait dans une des filles de messire Lotto Galandi, nommée Bartholomée. C’était effectivement une des plus belles et des plus aimables demoiselles qui fussent dans Pise. Elle avait le plus beau teint du monde, quoique, à dire le vrai, il y en ait peu dans cette ville qui ne pèchent par la couleur, comme si elles avaient la jaunisse. Les noces furent célébrées avec beaucoup de gaieté et de magnificence. La consommation du mariage ne se ressentit point de la splendeur de la fête : le bonhomme ne caressa la jeune mariée qu’une seule et unique fois ; il ne s’en fallut même de rien qu’il ne pût consommer