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je suis, je m’attache à ces colifichets de femme ? — Non, monsieur, répondit Ambroise, je ris de la manière dont j’en ai fait l’acquisition. — Serait-ce une indiscrétion de vous demander comment vous les avez acquis ? reprit le capitaine. — Monsieur, répondit Ambroise, ces bijoux et plusieurs autres m’ont été donnés par une jolie femme de Gênes, connue sous le nom de madame Genèvre, une nuit que je couchai avec elle ; comme elle m’a prié de les garder pour l’amour d’elle, je ne crois pas devoir m’en défaire ; mais vous m’obligerez de les recevoir en don, pour peu qu’ils vous plaisent. Je ne saurais les regarder sans rire, parce qu’ils me rappellent la sottise de son mari, qui fut assez fou pour parier cinq mille ducats contre mille que je n’obtiendrais pas les faveurs de sa femme, qu’elle ne donnait, dit-il, qu’à lui seul. J’en vins pourtant à bout, comme vous pouvez le croire, et je gagnai le pari. Ce bonhomme, qui aurait dû se punir lui-même de sa sotte crédulité, plutôt que de blâmer sa femme