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et remercièrent de la part de leur maître le marquis de Malespini et sa femme des bons offices qu’ils avaient rendus à madame Britolle et à son fils Geoffroi, les assurant l’un et l’autre qu’ils pouvaient disposer de tout ce qui était au pouvoir de Capèce. Puis, se tournant vers Gasparin : « Vous pouvez être assuré, lui dirent-ils, de toute la reconnaissance de celui qui nous envoie, lorsqu’il apprendra le service que vous lui avez rendu en lui conservant un fils qui ne lui est pas moins cher que son aîné. » Après quoi, ils prirent part au festin, où chacun s’empressa de leur faire politesse. Les fêtes durèrent quelques jours, après lesquelles madame Britolle, impatiente de revoir son mari, s’embarqua avec ses deux fils, leurs femmes et la nourrice, sur la frégate qui lui avait été envoyée. Le marquis, la marquise et Gasparin les accompagnèrent jusqu’au port, où ils leur firent leurs adieux, non sans répandre des larmes en abondance. Le vent leur fut si favorable, qu’ils arrivèrent dans peu de jours à Palerme, où ils furent reçus de Henri Capèce avec des transports de joie inexprimables. Ils vécurent longtemps dans la prospérité ; et, pleins de reconnaissance pour les bontés de l’Être suprême, ils l’aimèrent et le servirent fidèlement.


NOUVELLE VII

ALACIEL OU LA FIANCÉE DU ROI DE GARBE

Jadis régnait, en Babylonie, un soudan qui portait le nom de Beminedab. Presque toutes les entreprises qu’il forma pendant sa vie réussirent au gré de ses désirs. Il eut plusieurs enfants, une fille, entre autres, nommée Alaciel, dont la beauté ravissante surpassait celle des plus belles femmes de son temps. Le roi de Garbe en devint amoureux sur les éloges qu’il en avait entendu faire, et la demanda en mariage. Le soudan, qui avait été secouru par ce prince dans une irruption qu’une multitude d’Arabes avaient faite dans ses États, la lui accorda d’autant plus volontiers, qu’il était charmé de trouver une occasion de lui marquer sa reconnaissance. Après avoir fait équiper un vaisseau de guerre, et avoir fait présent à sa fille d’une riche et magnifique garde-robe, il la lui envoya, accompagnée d’une nombreuse suite d’hommes et de femmes, et la recommanda au maître des destinées. Le temps étant beau et le vent favorable, la princesse partit du port d’Alexandrie, et fit, durant plusieurs jours, une navigation très-heureuse ; mais à peine eut-on doublé les côtes de Sardaigne, qu’il s’éleva une violente tempête. Le vaisseau fut tellement agité, qu’Alaciel