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Pour réparer autant qu’il est en moi les torts de la fortune, qui a donné le moins de sujets de distraction au sexe le plus faible, je me propose, pour venir en aide à celles qui aiment (car pour les autres il ne leur faut que l’aiguille et le fuseau), de raconter cent nouvelles, ou fables, ou paraboles, ou histoires, à notre choix. Ces contes sont divisés en dix journées et racontés par une honnête société composée de sept dames et de trois cavaliers, durant la peste qui a tout dernièrement causé une si effrayante mortalité : de temps en temps les aimables dames chantent les chansons qu’elles préfèrent. On trouvera dans ces nouvelles plusieurs aventures galantes tant anciennes que modernes : les dames qui les liront y trouveront du plaisir et des conseils utiles ; elles verront par ces exemples ce qu’il faut éviter et ce qu’il faut imiter. Si cela arrive (et Dieu veuille qu’il en soit ainsi), j’en rendrai grâce à l’amour, qui, en me délivrant de ses chaînes, m’a mis en état de pouvoir tenter quelque chose qui puisse plaire aux dames.