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ajoutait la bonne femme. Ils n’étaient pas encore arrivés qu’une petite table était déjà dressée sous les fenêtres, au jardin ou dans la petite île ; mais en hiver, dans la chambre. Sur la table étaient servis de bons gâteaux, du pain, du miel, et du lait ; puis, monsieur le meunier apportait, en plus, des fruits tout frais cueillis ; ou encore, si c’était en hiver, la meûnière revenait avec un panier de prunes et de poires sèches. La mode n’était pas encore devenue populaire de prendre le café et autres boissons analogues. On n’en servait que chez madame Proschek.

« C’est bien aimable à vous, grand’mère, d’être venue, » lui disait la meûnière, en lui offrant une chaise. « Je ne sais pas comment je pourrais passer le dimanche si vous n’arriviez pas ; il me semblerait que ce n’est point dimanche. Mais à présent, mangez de ce que le bon Dieu nous a donné ! »

Grand’mère ne mangeait que peu, et demandait aussi à la meûnière de ne pas servir tant de choses aux enfants ; mais cette grassouillette personne ne faisait que rire de la demande et en disant : « Vous êtes âgée, et je ne suis pas surprise que vous mangiez si peu ; mais les enfants, eux, mon Dieu ! ils ont des estomacs de canards. Vous demanderez à notre Marie, aussi souvent que vous voudrez, si elle désire manger ; et elle vous répondra, tout aussi souvent, qu’elle est en appétit. » Les enfants souriaient, et trouvaient que madame la meûnière avait, certes, bien raison.

Après qu’elle leur avait remis à chacun un gâteau, ils s’en allaient derrière la grange, où grand’mère était persuadée qu’ils se trouvaient en sûreté.