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commandation de grand’mère, ils eussent peut-être oublié de la remplir à l’heure marquée par elle.

Ce fut le lendemain, sur le soir, et après le retour des enfants, que grand’mère s’éteignit doucement. Barounka lui lisait les prières des agonisants ; grand’mère pria avec elle, jusqu’au moment où ses lèvres ne remuèrent plus ; mais son regard s’attacha en haut, vers le crucifix, suspendu au-dessus de son lit ; puis, sa respiration s’arrêta… La flamme de sa vie était éteinte, comme s’éteint une lampe dont l’aliment est totalement épuisé.

Barounka lui ferma les yeux ; la jeune femme de Mila ouvrît la fenêtre, « pour que l’âme eût la liberté de son essor. » Ursule ne séjourna pas une minute de plus dans cette chambre où tout le monde pleurait : elle se rendit à la ruche que le meûnier avait disposée et peuplée pour grand’mère, quelques années auparavant. Elle y frappa, en criant trois fois : « Abeilles, abeilles, grand’mère est morte ! » — Puis, elle s’assit sur le banc établi au-dessous du peuplier, et fondit en larmes. Le chasseur suivit la route de Žernov, pour y faire sonner les cloches funèbres ; et il s’offrit lui-même à ce service. À rester dans cette maison, il avait le cœur trop serré : il avait été obligé de sortir, pour pouvoir pleurer. Je me suis lamenté à la mort de Victoire : comment oublierais-je grand’mère ! « se disait-il en chemin. Quand la sonnerie funèbre retentit, pour annoncer à tous que grand’mère n’était plus, toute la vallée pleura.

Et quand, au troisième jour, le convoi funèbre, formé de la plus grande partie de la population, —