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fants qui venaient d’avoir leur festin, à part, dans la chambrette de Christine. Elle ne s’en trouva pas moins obligée de retourner à la noce, car sa présence était nécessaire pour cette heure plus avancée dans la nuit, où devait se faire à Christine l’imposition du bonnet de femme mariée. Elle devait apporter elle-même, de sa maison, ce bonnet qu’elle avait acheté, elle-même, en compagnie de dame Thérèse, sa fille ; toutes choses qui revenaient de droit à l’intermédiaire des fiançailles. Lors donc que chacun se trouva avoir dansé tout son soûl, ce qui avait mis hors d’haleine la pauvre jeune mariée, obligée de danser avec un chacun, n’eût-ce été que pour une tournée, grand’mère avertit les femmes qu’il était déjà l’heure de minuit, à laquelle la jeune mariée n’appartient plus qu’aux femmes. Ce fut le commencement d’une sorte de débat, et même de chamailleries à son sujet, entre elles d’un côté, et le fiancé, soutenu du garçon d’honneur, qui voulaient s’opposer à l’enlèvement de la belle couronne de-dessus la tête de la jeune mariée ; les femmes l’emportèrent et l’emmenèrent dans la petite chambre.

Comme elles s’y enfermaient, les jeunes filles s’arrêtèrent derrière la porte, pour demander, dans une chanson, dite par elles sur un ton plaintif, qu’on ne lui enlevât pas la verte couronne ; « si elle la laisse ôter, chantaient-elles, elle ne la reverra jamais plus. »

Réclame impuissante ! La fiancée était déjà assise sur une escabelle ; elle avait déjà ses cheveux dénoués par la femme de Thomas. La couronne de fleurs, la petite couronne étaient déjà déposées sur la table, et grand’mère tenait préparé le bonnet garni