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fit ensuite le signe de la croix, commanda aux enfants de faire de même, et ils quittèrent avec elle, et en silence, la maisonnette du jardin.

Derrière Riesenbourg, dans la vallée romantique et près de cette église de Bouschin, que le seigneur de Turin a fait bâtir en action de grâces pour la guérison de sa fille muette, est le cimetière, où repose Victoire. Le chasseur a planté un sapin sur sa fosse. « Le sapin est vert en hiver et en été, et elle aimait tant cet arbre, » dit grand’mère, quand il reparlèrent de Victoire.

Elle ne fut point oubliée, encore qu’on n’entendît plus venir de la digue les accents de sa triste complainte ; encore que sa grotte fût vide, et le sapin, abattu. Mais le nom de l’infortunée Victoire retentit, de longues années encore, aux alentours, dans une chanson mélancolique qu’avait composée Barbe Žernovska.


xviii.


La comtesse garda le portrait de grand’mère et lui remit les portraits de ses petits-enfants ; si leurs parents en furent charmés, grand’mère le fut plus encore. La comtesse avait réussi à faire passer leur âme, pour ainsi dire, dans le traits de leurs visages, en sorte que grand’mère, en les montrant aux personnes de sa connaissance, ne disait que la vérité, quand elle ajoutait :

« Il ne leur manque que d’ouvrir la bouche et de parler. »