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son couvercle ; et à son autre extrémité, un verre à pied contenait de l’eau bénite, avec un aspersoir formé d’un faisceau d’épis de seigle. C’était la femme du chasseur qui avait tout préparé et disposé par elle-même. Combien d’allées et de venues ne lui avait-il pas fallu faire toute une journée vers la petite maison ? Rien n’y était plus nouveau pour elle ; quant à grand’mère, elle s’avança vers le cercueil en faisant le signe de la croix sur la défunte ; puis, elle s’agenouilla près du corps, et se mit en prières. Les enfants suivirent son exemple.

« Eh bien ! dites-moi si cette disposition vous plaît, et si nous avons bien mis tout en ordre ? » demanda la femme du chasseur à grand’mère, quand celle-ci se fut relevée. Si nous n’avons pas mis plus de fleurs et d’images de saints avec elle dans le cercueil, c’est que nous pensions bien que vous en apporteriez aussi.

« Vous avez bien fait, ma chère amie, et très bien fait les choses, » reprit grand’mère qui voulait louer la maîtresse de lieu.

La femme du chasseur reçut des mains des enfants les fleurs et les saintes images qu’ils apportaient pour les mettre autour du corps. Grand’mère enroula le rosaire autour des doigts déjà relents de Victoire et considéra longtemps encore son visage. Il avait perdu l’expression farouche qui en avait animé la vie, ses yeux noirs et rouges étaient fermés ; la flamme en était éteinte à jamais. Ses cheveux d’un noir du jais, mais qui avaient été toujours en désordre, venaient d’être démêlés, lissés et rangés ; et autour de son front, froid comme le marbre, s’enla-