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devoir faire plaisir. Parfois elle considérait grand’mère fixement ; alors son œil devenait humide ; elle mettait de côté le pinceau pour prendre entre ses mains la tête de grand’mère, lui caresser les cheveux blancs, et déposer un baiser sur son front ridé.

Une fois, elle se pencha vers la main de grand’mère et la baisa. Grand’mère ne s’y attendait point, elle en fut toute saisie. « Que faites-vous là, comtesse ? C’est là chose qui ne doit pas se faire pour moi ! »

Je sais bien ce que je fais, ma chère vieillotte ; je sais quelle obligation j’ai envers toi ; tu as été mon bon ange. Et la comtesse tomba aux genoux de la vieille femme.

« Dieu vous bénisse, et vous donne le bonheur que vous souhaitez ! » dit celle-ci en posant les mains sur le front de la jeune fille agenouillée, front blanc et pur comme la feuille du lis ! « Je prierai pour vous et pour madame la princesse. C’est une dame parfaite ! »

Le lendemain de l’orage, le chasseur arriva à la « Vieille-Blanchisserie » pour annoncer à ses habitants qu’ils pouvaient venir dire à Victoire le suprême adieu. Madame Proschek, qui ne pouvait voir un cadavre, resta au logis ; madame la meûnière avait horreur d’un mort ; ou plutôt, ainsi que son mari le révéla sans ménagement, c’était de crainte que le défunt ne lui apparût ensuite dans la nuit. Quant à Christine, elle était à la corvée. Il n’y eut donc que Marie, la fille du meunier, pour accompagner à la vénerie grand’mère et les enfants. À leur sortie, ils allèrent cueillir des fleurs avec du réséda dans leur petit jardin ; les garçons emportaient aussi de