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en un même lieu, et je vis les deux sapins présenter le même état que si on les eût dépouillés, du haut en bas, de leur écorce et de toutes leurs branches. J’écartai les aiguilles de sapin ; elles recouvraient Victoire étendue et tuée. J’essayais de la remuer, elle ne respirait plus. Sa robe était brûlée du côté gauche et depuis l’épaule jusqu’au pied. Probablement que cet orage ne lui avait causé que du plaisir, car elle riait à chaque éclair qui brillait. Elle sera sortie de la grotte pour monter sur la hauteur où, de ce sapin, l’on jouit d’une belle vue, et c’est là que la foudre l’a atteinte. »

« Ainsi que notre poirier, » se pensa grand’mère. « Et où l’avez-vous fait transporter ? »

À la maison la plus voisine, et c’est la vénerie ; je me charge du soin de lui faire donner la sépulture encore que ses parents voudraient y pourvoir eux-mêmes. J’ai été à Žernov pour annoncer mes intentions. Je n’aurais jamais pensé que nous dussions la perdre si tôt. Et sa vue me manquera, ajouta le chasseur avec chagrin.

Au même instant une sonnerie pour les morts se fit entendre dans la direction de Žernov. Tout le monde fit le signe de la croix, et se mit à réciter des prières. Le glas funèbre annonçait les funérailles de Victoire.

« Irons-nous la regarder, » demandèrent les enfants à leurs parents et à grand’mère.

« Venez demain, quand elle sera mise dans le cercueil, » dit le chasseur qui salua et partit tristement.