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les enfants pour faire un tour de promenade. Chemin faisant, elle cueillait des plantes qu’elle faisait sécher à la maison et qu’elle tenait en réserve pour le besoin. Elle en cueillait principalement jusqu’au jour de Saint Jean-Baptiste, et de bon matin, quand il y avait encore de la rosée — « C’étaient, disait-elle, les meilleures. Quelqu’un venait-il à tomber malade, grand’mère avait tout de suite quelque racine ou quelque herbe prête, et de sa vie elle n’eut besoin de médecin.

Une vieille femme des montagnes des Géants lui apportait tous les ans des herbes, dont elle avait le plus grand soin, et achetait une grande quantité. La vieille revenait chaque année en automne à jour fixe, et elle passait une nuit et une journée à la Vieille-Blanchisserie, où on la traitait au mieux. Les enfants recevaient alors un petit paquet d’ellébore pour éternuer ; à madame Proschek elle donnait de la mousse odorante ; de plus, la vieille racontait toute la soirée aux enfants des histoires de Ribrtzoul ; quel rusé gamin c’était, et quels tours il faisait dans les montagnes ; elle peignait aux enfants les terreurs, quand Ribrtzoul va voir sa Catherine qui est princesse, et qui demeure sur une montagne appelée aussi Catherine. Cette princesse ne supporte pas longtemps la présence de Ribrtzoul : elle le chasse de chez elle, et il verse tant de larmes que tous les ruisseaux en débordent. Mais quand elle l’appelle auprès d’elle, il en ressent une joie si vive, il a une telle hâte d’arriver qu’il abat, renverse, détourne tout ce qui lui fait obstacle ; qu’il brise les arbres qui se trouvent sur son chemin,