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veux répondre : « Que Dieu vous entende ; mais je ne peux prononcer une seule parole, tant j’étais surprise ; et la faucille même m’échappa de la main.

« N’était-ce pas cet officier, » dit Christine en interrompant grand’mère ?

« Attends un instant » continua celle-ci. Non ! ce n’était pas l’officier ; autrement, je n’aurais pas laissé échapper la faucille de mes mains. C’était de surprise joyeuse ; c’était Georges qui était devant moi. Je dois te dire d’abord qu’il y avait trois ans que je l’avais vu. Tu sais que Georges était le fils de notre voisine Novotná, celle-là même qui était avec moi, quand nous avons parlé à Tempereur Joseph.

« Oui, je le sais, vous nous avez raconté aussi qu’il s’est fait tisserand, au lieu de devenir prêtre.

« Oui, mais c’est son oncle qui en a été la cause, l’étude n’était qu’un jeu pour le garçon ; et toutes les fois que mon père allait à Rychnov, il y entendait toujours chanter ses louanges. Comme il passait les vacances à la maison, c’était lui qui, à la place de mon père, bon lecteur pourtant faisait toujours aux voisins la lecture dans la Bible, et il lisait si bien que c’était plaisir à l’entendre. Et Novotná disait toujours : C’est comme si j’entendais déjà le garçon prêcher. Nous le considérions déjà comme prêtre ; et quand une des ménagères avait préparé quelque chose de meilleur qu’à l’ordinaire elle lui en envoyait un morceau, et quand Novotná s’excusait de le recevoir en disant : « Mais, mon Dieu ! qu’est-ce que nous pourrons donc vous faire en retour, elles n’avaient que cette réponse. « Quand Georges sera prêtre, il nous donnera la bénédiction. »