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Mme Proschek demandait que grand’mère adoptât, pour sa toilette, une autre mise plus commode, pensait-elle en toute bonne intention. Mais sa mère ne changeait rien à sa toilette et disait toujours : « Le bon Dieu me punirait, si je voulais, moi, vieille femme, m’habiller à la mode. Des nouveautés pareilles ne sont plus pour moi : ma vieille raison ne s’en accommode pas. Tout resta donc comme auparavant. Bientôt tout fut réglé, dans la maison, d’après les ordres de grand’mère ; tous même la nommaient « grand’maman » ; et ce que grand’maman faisait ou disait, était toujours bien.


ii.


En été, elle se levait à quatre heures ; en hiver, à cinq. Son premier soin était de se signer, de baiser la petite croix, suspendue au chapelet qu’elle portait toujours sur elle, ou qu’elle mettait sous sa tête en se couchant. Elle se levait, le nom de Dieu sur les lèvres. Aussitôt habillée, elle s’aspergeait avec de l’eau bénite, prenait son rouet, et filait en chantant les cantiques du matin. Elle ne pouvait plus dormir, la pauvre vieille, mais sachant comme le sommeil était doux, elle le souhaitait aux autres. Environ une heure après son lever, on entendait le bruit mesuré de ses pantoufles ; une porte s’ouvrait ; puis l’autre, et grand’mère paraissait dans la cour. Au même instant les oies se faisaient entendre dans la petite étable, les porcs grognaient, la vache beuglait, les poulets secouaient joyeusement leurs ailes,