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montagne sis en contre-bas clu château, en avaient toujours peur. Mais grand’mère leur répétait qu’ils devaient être sans crainte ; que jusqu’à la saint Georges, nul animal n’est venimeux ; qu’on peut alors le prendre sans danger dans la main. Ce n’est ajoutait-elle, que quand le soleii est déjà bien haut, qu’ils contractent du venin !

Dans la prairie, derrière la digue fleurissaient les grandes pâquerettes et les renoncules. D’autres primevères montraient, les unes, leur bleu d’azur ; les autres, leur jaune d’or. Les enfants ramassaient diverses sortes d’herbes tendre pour les mettre dans la soupe ; ils rapportaient aussi des orties pour les oisons ; et aussi souvent que grand’mère entrait à l’étable, elle promettait à Straka la vache, de l’envoyer bientôt au pâturage. Les arbres furent en peu de temps couverts de leurs feuilles ; des moucherons se jouaient gaîment dans l’air, l’alouette s’élevait très haut vers les nuages ; les enfants l’entendaient bien chanter ; mais ils n’apercevaient que rarement le petit oiseau chanteur.

Ils écoutèrent aussi le coucou, et lui criaient dans la forêt : « Coucou dis nous, combien d’années nous vivrons encore ? » Il coucouait quelque fois ; mais quelquefois aussi Adèle se fâcha contre lui de ce qu’il faisait exprès de ne pas coucouer. Les garçons apprirent à Adèle à se tailler des sifflets avec du saule ; et quand le sifflet ne voulait rendre aucun son, la faute en était, disaient-ils, à elle-même, qui n’avait pas su bien tailler son sifflet. « Et vous autres filles, vous ne savez même pas faire un sifflet, lui disait Jean qui se moquait d’elle.