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est aussi une pauvre enfant, » dit grand’mêre, en rentrant à la maison.

Les autres fois, on entendait sonner l’angelus à midi et le soir, sur la montagne de Zernov, à petite tour qui surmonte la chapelle ; mais ce jour-là, Jean et Guillaume coururent par le verger, en faisant un tel bruit avec leurs crécelles que les moineaux sur le toit s’envolèrent d’effroi.

Dans l’après-midi, grand’mère se rendit à la ville avec les enfants visiter le saint sépulcre, elles s’étaient arrêtées un instant au moulin, la meunière et Marie devant venir avec eux. La meûnière faisait toujours entrer grand’mère dans une grande pièce renfermant des provisions à œufs peints et destinés à ceux qui viendraient lui chanter un cantique de Pâques ; puis, toute une longue rangée de flans de Pâques et un gras agneau pascal. Elle offrait toujours aux enfants des gâteaux mollets ; mais jamais ce jour-là à grand’mère, qu’elle savait jeûner et même ne rien porter à sa bouche, depuis l’heure où elle avait pu dîner, le jeudi saint, jusqu’au souper qui suit la cérémonie de la Réssurection, vers le soir du Samedi saint. Elle jeûnait bien aussi elle-même le grand Vendredi ; mais elle ne saurait, disait-elle, observer un jeûne aussi sévère que celui de grand’mère. « Mais chacun selon sa conscience, ma chère, lui disait grand’mère ; pour moi je crois que jeûner pour jeûner, on le doit faire comme il faut. » Puis ! examinant tous ces préparatifs dont elle faisait l’éloge elle ajoutait : « Pour nous, c’est demain que nous mettons au four, que nous préparons tout, le jour d’aujourd’hui doit être consacré aux prières. Et telle