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Seuls les passereaux sautèrent joyeusement sur la chaussée en picorant les graines que les poules y avaient laissées. Le chat qui revenait de sa chasse à lui, secouant à chaque pas la neige de ses pattes en courant vers le petit fourneau pour se réchauffer ; mais les chiens prenaient leurs joyeux ébats dans la neige, tout en s’y enfonçant profondément.

« De la neige ! de la neige ! Voilà qui est bon : nous irons en traîneaux ! » C’est ainsi que les enfants saluèrent l’hiver avec des cris de joie, parce qu’il leur apportait de nouveaux plaisirs. C’est que déjà saint Martin leur apportait de bons petits pains blancs, et qu’après la saint Martin les veillées réjouissent beaucoup, parce qu’ils y avaient plus de liberté. Quand les femmes qui ébarbaient les plumes se rangèrent autour de la table de la cuisine, sur laquelle on avait entassé des plumes comme un monceau de neige qu’aurait accumulé le vent, grand’mère renvoya Adèle et tint constamment les enfants à distance. Il arriva bien une fois que Jean s’était glissé au milieu des femmes qui ébarbaient les plumes ; et on peut se figurer le vacarme, qui en résulta. Mais depuis ce jour-là grand’mère disait toujours qu’il ne lui était pas avis de prendre ça avec soi à table. Alors on ne leur permettait pas non plus de courir autour de la table, de souffler, ou d’ouvrir trop vite la porte ; sinon, ils en essuyaient des gronderies.

L’unique plaisir qu’ils avaient à ces soirées était celui d’y manger des pois cuits à demi, et d’y en tendre les récits qu’on y faisait souvent de fantômes, d’estafiers, de feux follets et d’hommes en feu.