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Grand’mère aimait à jeter ses regards par-dessus la côte de Zlič, qui se trouvait en face d’eux, pour atteindre au moins des yeux, au delà des villages des forêts et des palliers et Nové město et Opočno et jusqu’à Dobrouschca, où vivait son fils, puis derrière Dobrouschca, et entre les montagnes, elle apercevait aussi un petit village où vivaient encore tant d’âmes qui lui étaient chères. Et quand elle tournait ses yeux vers l’orient, les montagnes des Géants se montraient, en forme de demie-couronne, depuis la crête de Hejschovina jusqu’à cette cime couverte de neige, du Schneekoppe, qui va se perdre dans les nues. Alors indiquant aux enfants la contrée qui est encore par delà la Hejschovina, grand’mère disait : J’en connais tous les sentiers ; c’est là, dans ces montagnes, qu’est situé Glatz, où est née votre mère : c’est là, que se trouvent Vamberitz et Varta : ce sont des contrées où j’ai passé des années bien heureuses.

Elle s’absorba dans ses pensées, mais Barounka l’y arracha en lui posant la question : « Est-ce à Varta, qu’est c’est Sybille sur le cheval de marbre. »

« Oui, on dit que c’est sur une montagne près de Varta. On dit que montée sur ce cheval de marbre, elle même aussi en marbre, et qu’elle tient le bras levé vers le ciel. Quand elle se sera enfoncée dans le sel de manière à qu’on ne voie plus même les extrémités de ses doigts, sa prédiction sera accomplie. Mon père disait l’avoir vue, et que de son temps le cheval était déjà enfoncé dans le sol jusqu’au poitrail. »