Page:Božena Němcová Grand-mère 1880.djvu/199

Cette page n’a pas encore été corrigée
— 189 —

Jean et Thérèse étaient embarassés, ils craignaient que l’invitation n’eût, pour sa trop grande naïveté, blessé la princesse. Loin de là : car ce fut avec un gracieux sourire qu’elle descendit de son cheval, dont elle présenta la bride à Jean. Et tout en allant s’asseoir sur le petit banc dressé sous le poirier, elle dit : « Votre hospitalité ne peut m’être qu’agréable ; mais je ne veux pourtant pas qu’elle vous fasse négliger vos amis ; ainsi, qu’ils viennent auprès de nous.

Madame Proschek courut le chercher ; M. Proschek, après avoir attaché le cheval à un arbre, apporta une petite table, et dans la minute se présentèrent monsieur le chasseur qui s’inclina profondément et monsieur le meunier qui salua aussi en faisant quelques simagnées. Mais quand madame la princesse lui eut demandé comment allaient les affaires, s’il avait beaucoup à moudre, et si le moulin lui rapportait assez, il se trouva dans son élément, et alla, dans ses hardiesses, jusqu’à offrir à madame la princesse une prise de tabac. Après avoir adressé à chacun quelques mots affables, elle accepta de la main de madame Proschek un gâteau, et de celle de grand’mère, un verre de crème. Pendant ce temps là les enfants s’étaient groupés autour de Jean, qui leur montrait ses animaux, et la comtesse se tenait debout près d’eux, jouissant de leur joie et de leur étonnement, et répondant avec plaisir à chacune de leurs questions.

« Maman, regardez, c’est notre biche ! » cria Bertic le fils du chasseur en s’adressant à sa mère, au moment où Jean leur montrait la biche,