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En avant marchaient les enfants, les garçons du pays avec des cierges à trois pieds et allumés, des jeunes tilles couronnées des fleurs et, effeuillant à l’envie les fleurs sur le parcours de la procession. Derrière elles s’avançait le cierge, la municipalité ; les personnes notables des environs ; ensuite les bourgeois et les gens de campagne ; grand’mère venait avec ces derniers. Les bannières des différents corps de métier flottaient avec bruit au-dessus des têtes, l’odeur de l’encens était mêlée aux frais parfums des ramilles et des fleurs répandues et le son des cloches retentissait dans les airs. Ceux qui ne pouvaient suivre la procession se tenaient aux fenêtres ou sur le seuil des portes pour la voir passer.

Comme les regards se repaissaient délicieusement du spectacle varié de tout ce cortège. Que de pompe et dans les toilettes et dans les ornements tout ensemble ! Ici, des gracieux vêtements des enfants, là les précieux ornements des prêtres ; plus loin un monsieur en frac à la dernière mode, plus près son honnête voisin dont l’habit solennisait sa cinquantaine ; là un brave garçon en veste rouge, brodée de fleurs, marchait à côté de son père à qui son antique habit descendait jusqu’aux talons. À côté de dames d’une mise simple mais élégante, on en voyait de plus richement habillées, mais non avec le même goût. Des bourgeoises étaient coiffées de bonnets de dentelles ou brodés d’or ou d’argent, les paysannes portaient des bonnets empesés ou des fichus blancs sur la tête ; leurs filles étaient coiffées de fichus rouges ou étaient en cheveux ornés de fleurs fraîches.